Yémen : information sur le Mouvement sudiste (Southern Movement), y compris sur ses zones d’opération, ses membres, ses dirigeants, sa structure, ses activités et ses rapports avec le gouvernement (2016-octobre 2018)
1. Aperçu
D’après des sources, le Mouvement sudiste [aussi appelé Mouvement sudiste séparatiste (Southern Separatists Movement), Mouvement de mobilité sudiste (Southern Mobility Movement), Hirak sudiste (Southern Hirak), Al-Hirak Al-Janoubi, Al-Hiraak Al-Janoubi, Al-Herak Al-Janoubi, Al-Hirak, Hirak, Hiraak et al-Harak], existe depuis au moins 2007 (Southern Movement s.d.a; International Crisis Group 20 oct. 2011, i; Al Jazeera 29 janv. 2018). Des sources soulignent que le Mouvement sudiste cherche à [traduction] « accroître son autonomie » au sein de l’État (Human Rights Watch 13 mars 2014; R.-U. 12 avr. 2016, paragr. 4.1.1) ou à obtenir l’indépendance de la partie Sud du Yémen (Human Rights Watch 13 mars 2014; TRAC s.d.; Phillips 2017, 911). Dans le site Internet du Mouvement sudiste, on peut lire qu’il revendique la sécession du Sud du Yémen d’avec la République du Yémen au moyen d’un référendum (Southern Movement s.d.a).
Des sources décrivent le Mouvement sudiste comme un mouvement [traduction] « populaire » (The New Arab 28 sept. 2018; IPI 3 nov. 2017; International Crisis Group 20 oct. 2011, i). Le ministère de l’Intérieur du Royaume-Uni précise que le Mouvement sudiste est [traduction] « un mouvement de Yéménites du Sud » (R.-U. 12 avr. 2016, paragr. 4.1.1). Cependant, dans un article de recherche sur le Yémen, Chatham House [1] explique que, [traduction] « [b]ien que la tendance soit de décrire le "Sud" comme une région généralement homogène, ses habitants et les membres du Mouvement sudiste n’adhèrent pas aux mêmes idéologies politiques et ne partagent ni une identité ni une vision du monde uniques » (Chatham House mars 2018, 15).
Des sources désignent le Mouvement sudiste comme [traduction] « un mouvement séparatiste armé » (International Crisis Group 2 févr. 2017, 12), ou encore un mouvement affilié aux [traduction] « séparatistes armés » (É.-U. 20 avr. 2018, 12) ou aux [traduction] « groupes armés » (Nations Unies 4 août 2016, paragr. 11).
2. Zones d’opération et membres
Selon des sources, le Mouvement sudiste est présent dans le Sud du Yémen (Phillips 2017, 911; Political Handbook of the World 2017, 1698; IPI 3 nov. 2017). Des sources précisent que la présence du Mouvement sudiste a été constatée à Aden (International Crisis Group 9 févr. 2016, 14; Human Rights Watch 13 mars 2014; Chatham House mars 2018, 11). On peut lire dans une déclaration figurant sur le site Internet du Mouvement sudiste que celui-ci maintient une présence dans le gouvernorat d’Hadramaout [Hadramaut, Hadhramaout] (Southern Movement 4 mai 2017).
D’après l’International Crisis Group, le Mouvement sudiste est [traduction] « non islamiste » (International Crisis Group 14 mars 2016, 24). Chatham House souligne que, bien que le Mouvement sudiste se décrive comme une entité [traduction] « laïque », la « grande majorité » de ses membres possèdent un « héritage musulman », et « la relation qu’il entretient avec des groupes islamistes de diverses envergures - allant jusqu’à Al-Qaïda - est plus complexe que ce que ses dirigeants veulent bien admettre » (Chatham House mars 2018, 21).
Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches a trouvé peu d’information sur le nombre de partisans du Mouvement sudiste. Dans un article publié en mars 2014 par Human Rights Watch, on signale que 5 000 partisans du Mouvement sudiste se sont rassemblés pour manifester à Aden en février 2014 (Human Rights Watch 13 mars 2014).
3. Dirigeants et structure
La liste des dirigeants suivants se trouve sur le site Internet du Mouvement sudiste :
- Ali Salem Al-Beidh;
- Abd Al-Rahman Ali Al-Jifi;
- Haidar Abu Bakr Al-Attas;
- Ahmed Omar Bin Fareed;
- Saleh Yahya Saeed [Saied], [traduction] « président du Conseil supérieur (High Council) du Mouvement sudiste »;
- Salah Al-Shinfrah, « vice-président du Conseil supérieur du Mouvement sudiste »;
- Hoda Alattas (Southern Movement s.d.a).
La liste contient également les noms des dirigeants militaires suivants :
- le général Aidroos Al Zubaidi [Aidarous al-Zubaidi];
- le général Shalal Ali Shayih;
- le général Faraj Salmeen AlBahassani;
- le général Adel Alhalmi (Southern Movement s.d.a).
Les représentants des médias suivants font également partie de la liste :
- Laila Rabeeh;
- Ahmed Alsaleh;
- Hussian Laqwar;
- Sana Mobarak (Southern Movement s.d.a).
Des sources décrivent le Mouvement sudiste comme un groupe [traduction] « cadre » (Human Rights Watch 13 mars 2014; The New Arab 28 sept. 2018), [traduction] « décentralisé » (International Crisis Group 9 févr. 2016, 14; Phillips 2017, 911) ou [traduction] « sans forme précise » (Chatham House mars 2018, 10), ou encore [traduction] « une coalition libre » composée d’un certain nombre de « groupes séparatistes distincts » (Political Handbook of the World 2017, 1698) ou [traduction] « un groupe belliqueux » (TRAC s.d.). Selon l’Institut international pour la paix (International Peace Institute - IPI) [2], le Mouvement sudiste possède [traduction] « une faction extrémiste qui exige la sécession du Sud et une faction modérée qui promet l’autonomie de la région » (IPI 3 nov. 2017). D’après un chapitre sur le Yémen contenu dans un ouvrage didactique sur le Moyen-Orient, lequel chapitre a été écrit par Sarah Phillips, professeure agrégée à l’Université de Sydney dont les recherches et les publications sont centrées sur le Yémen (The University of Sydney s.d.), le Mouvement sudiste renvoie à [traduction] « de nombreux organismes et militants » du Sud qui sont unis par un but commun, soit celui de « l’indépendance complète […] bien qu’ils ne s’entendent pas sur le moyen optimal pour y arriver » (Phillips 2017, 911).
Selon le Political Handbook of the World, le Mouvement sudiste comprend les sept groupes séparatistes suivants :
- Forum supérieur national pour l’indépendance du Sud (Higher National Forum for the Independence of the South);
- Conseil supérieur national pour la libération du Sud (Higher National Council for the Liberation of the South), dirigé par Hasan Baoum et Mohammed Salih Tammah;
- Mouvement pour la lutte pacifique dans le Sud (Movement of the Southern Peaceful Struggle), dirigé par Salah al-Sanfara et Nasser al-Khubbaji;
- Union des jeunes du Sud (Union of the Southern Youth), dirigée par Fadi Hasan Baoum;
- Forum national pour la lutte pacifique dans le Sud (National Forum for the Southern Peaceful Struggle), dirigé par Salih Yahya Said;
- Conseil pour la direction de la révolution pacifique (Council for Leading the Peaceful Revolution), dirigé par Tariq al-Fadhli;
- Conseil du mouvement pacifique pour la libération du Sud (Council of the Peaceful Movement to Liberate the South), [traduction] « établi en 2010 en tant qu’organisme cadre pour tous les groupes d’opposition du Sud » et dirigé par Hasan Baoum et Tariq al-Fadhli (Political Handbook of the World 2017, 1698).
Dans le chapitre sur le Yémen contenu dans l’ouvrage didactique sur le Moyen-Orient, il est écrit, sans autres détails, que [traduction] « certains des organismes et militants affiliés au [Mouvement sudiste] » s’efforcent « principalement d’atteindre des objectifs de portée très locale » (Phillips 2017, 911). En se fondant sur des entrevues réalisées en 2015 auprès d’un [traduction] « diplomate occidental » et d’un « journaliste d’Aden », l’International Crisis Group affirme que, depuis mars 2015, le Mouvement sudiste est « plus décentralisé, comptant dans ses rangs un nombre croissant de nouveaux chefs locaux. À Aden seulement, on pense qu’il y a quelque 300 chefs de quartier, chacun à la tête d’un petit groupe armé » (International Crisis Group 9 févr. 2016, 14). Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a pas trouvé d'autres renseignements allant dans le même sens.
4. Activités et rapports avec le gouvernement
Selon Al Jazeera, [traduction] « des milliers de militants d’Hirak ont défendu Aden contre la progression de l’alliance constituée par les houthis et [l’ancien président du Yémen, Ali Abdallah] Saleh », des semaines avant l’offensive menée par les forces saoudiennes qui a débuté en mars 2015 (Al Jazeera 29 janv. 2018). De même, le site de nouvelles en ligne The New Arab signale que le Mouvement sudiste [traduction] « s’oppose [aux] […] rebelles houthis » (The New Arab 28 sept. 2018).
Des sources font observer que, en 2015, des éléments du Mouvement sudiste se sont constitués en Résistance sudiste (Southern Resistance - SR) pour combattre les houthis (Southern Movement s.d.b; Phillips 2017, 911; IRIN 4 août 2016). De même, selon l’International Crisis Group, [traduction] « [l]orsque les forces anti-houthis ont effectué une avancée dans le Sud en 2015, les guérillas locales se sont fait connaître sous le nom de "Résistance sudiste" dans le cadre de la lutte pour Aden et les gouvernorats du Sud » (International Crisis Group 2 févr. 2017, 12). On peut lire dans le site Internet du Mouvement sudiste que la création de la SR a reçu [traduction] « [l’]assentiment » du président du Yémen, Abd Rabbo Mansour Hadi (Southern Movement s.d.b). L’International Crisis Group précise que, même si la SR se bat aux côtés du gouvernement, elle [traduction] « n’appuie [pas] par défaut le gouvernement de M. Hadi » (International Crisis Group 2 févr. 2017, 12). IRIN signale aussi que le Mouvement sudiste ne maintient [traduction] « qu’une association vague avec le président déchu Hadi contre les houthis » (IRIN 15 juill. 2015). Il est écrit dans le chapitre sur le Yémen contenu dans l’ouvrage didactique sur le Moyen-Orient que le Mouvement sudiste perçoit le président Hadi [traduction] « comme partie intégrante du système sis dans le Nord dont il veut faire sécession » (Phillips 2017, 911).
On peut lire dans le site Internet du Mouvement sudiste qu’il existe un [traduction] « partenariat » entre la SR, le Mouvement sudiste et les forces de la coalition arabe dirigées par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis contre « l’expansion iranienne », et en vue de lutter contre le terrorisme et d’apporter « sécurité et stabilité » (Southern Movement 4 mai 2017). Il est écrit dans les Country Reports on Human Rights Practices for 2017 publiés par le Département d’État des États-Unis que des groupes terroristes ont perpétré des [traduction] « attaques mortelles » contre des membres du Mouvement sudiste au Yémen (É.-U. 20 avr. 2018, 12). Selon l’International Crisis Group, le Mouvement sudiste [traduction] « se bat » contre Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA) (International Crisis Group 14 mars 2016, 24).
Parmi les sources qu’elle a consultées dans les délais fixés, la Direction des recherches n’a trouvé aucun renseignement additionnel concernant les rapports entre le gouvernement et le Mouvement sudiste depuis 2016.
En outre, elle a trouvé peu d’information sur les activités du Mouvement sudiste depuis 2016.
Dans son site Internet, le Mouvement sudiste signale que, le 14 octobre 2016, certains de ses dirigeants ont organisé un rassemblement à Aden visant à demander qu’il soit mis fin au [traduction] « Yémen unifié » et que soit établie une « entité politique du Yémen du Sud », de même qu’à faire entendre de nouveau les demandes pour la tenue d’un « référendum sous l’égide des [Nations Unies] » (Southern Movement [oct. 2016]). Gulf News, un journal de langue anglaise des Émirats arabes unis, fait également état d’une marche s’étant déroulée le 14 octobre [2016] au cours de laquelle des [traduction] « milliers » de « séparatistes du Sud du Yémen […] ont de nouveau formulé leur revendication de longue date, qui est de faire sécession d’avec le Nord et de créer leur propre État, le Yémen du Sud » (Gulf News 21 nov. 2016).
Cette réponse a été préparée par la Direction des recherches à l’aide de renseignements puisés dans les sources qui sont à la disposition du public, et auxquelles la Direction des recherches a pu avoir accès dans les délais fixés. Cette réponse n’apporte pas, ni ne prétend apporter, de preuves concluantes quant au fondement d’une demande d’asile. Veuillez trouver ci-dessous les sources consultées pour la réponse à cette demande d’information.
Notes
[1] Chatham House, [traduction] « l’Institut royal des Affaires internationales (Royal Institute of International Affairs), est un institut des politiques indépendant dont le siège se trouve à Londres » (Chatham House s.d.).
[2] L’IPI est un [traduction] « groupe de réflexion à but non lucratif, indépendant et de portée internationale » ayant des bureaux à New York, Vienne et Manama (IPI s.d.).
Références
Al Jazeera. 29 janvier 2018. Gamal Gasim. « What Is Going On in Southern Yemen? ». [Date de consultation : 28 sept. 2018]
Chatham House. Mars 2018. Peter Salisbury. Yemen's Southern Powder Keg. [Date de consultation : 3 oct. 2018]
Chatham House. S.d. « About Chatham House ». [Date de consultation : 9 oct. 2018]
États-Unis (É.-U.). 20 avril 2018. Department of State. « Yemen ». Country Reports on Human Rights Practices for 2017. [Date de consultation : 27 sept. 2018]
Gulf News. 21 novembre 2016. Saeed Al Batati. « South Yemen: Lingering Questions over Separation ». [Date de consultation : 15 oct. 2018]
Human Rights Watch. 13 mars 2014. « Yemen: Lethal Force Against Southern Protesters ». [Date de consultation : 28 sept. 2018]
International Crisis Group. 2 février 2017. Yemen's Al-Qaeda: Expanding the Base. Rapport Moyen-Orient No 174. [Date de consultation : 27 sept. 2018]
International Crisis Group. 14 mars 2016. Exploiting Disorder: Al-Qaeda and the Islamic State. [Date de consultation : 27 sept. 2018]
International Crisis Group. 9 février 2016. Yemen: Is Peace Possible? Rapport Moyen-Orient No 167. [Date de consultation : 27 sept. 2018]
International Crisis Group. 20 octobre 2011. Breaking Point? Yemen's Southern Question. Rapport Moyen-Orient No 114. [Date de consultation : 27 sept. 2018]
International Peace Institute (IPI). 3 novembre 2017. Marina Petrova. « Too Many Actors Means Resolution in Yemen Far Off ». Global Observatory. [Date de consultation : 1er oct. 2018]
International Peace Institute (IPI). S.d. « About ». [Date de consultation : 9 oct. 2018]
IRIN. 4 août 2016. Annie Slemrod. « Who and What Is Missing from the Yemen Peace Process? ». [Date de consultation : 1er oct. 2018]
IRIN. 15 juillet 2015. Joe Dyke et Almigdad Mojalli. « Yemen's Conflict Is Splintering Out of Control ». [Date de consultation : 1er oct. 2018]
Nations Unies. 4 août 2016. Conseil des droits de l’homme. Situation of Human Rights in Yemen: Report of the United Nations High Commissioner for Human Rights. [Date de consultation : 27 sept. 2018]
The New Arab. 28 septembre 2018. Austin Bodetti. « The Southern Movement Has 'Little Tolerance' for UAE's Ambitions in Yemen ». [Date de consultation : 1er oct. 2018]
Phillips, Sarah. 2017. « Yemen ». The Middle East. Sous la direction d’Ellen Lust. Fourteenth edition. Thousand Oaks, California : CQ Press.
Political Handbook of the World 2016-2017. 2017. « Yemen ». Sous la direction de Thomas Lansford. Washington, DC : CQ Press. [Date de consultation : 27 sept. 2018]
Royaume-Uni (R.-U.). 12 avril 2016. Home Office. Country Information and Guidance - Yemen: Security and Humanitarian Situation. [Date de consultation : 27 sept. 2018]
Southern Movement. 4 mai 2017. « Aden Historic Declaration ». [Date de consultation : 28 sept. 2018]
Southern Movement. [Octobre 2016]. « South Yemen Celebrates Independence ». [Date de consultation : 28 sept. 2018]
Southern Movement. S.d.a. « About the Southern Movement (Al-Hirak) ». [Date de consultation : 28 sept. 2018]
Southern Movement. S.d.b. « War in Yemen 2015 ». [Date de consultation : 28 sept. 2018]
Terrorism Research & Analysis Consortium (TRAC). S.d. « Al-Herak Al-Janoubi (Hirak) ». [Date de consultation : 1er oct. 2018]
The University of Sydney. S.d. « Associate Professor Sarah Phillips ». [Date de consultation : 12 oct. 2018]
Autres sources consultées
Sites Internet, y compris : Amnesty International; BBC; Carnegie Endowment for International Peace; ecoi.net; Factiva; Foreign Policy; Freedom House; GlobalSecurity.org; Gulf Times; The Jamestown Foundation; Jane's Intelligence Review; Nations Unies – ReliefWeb; Peace Direct.